Espagne L’État soutientles assurances contre les aléas
La multiplication des aléas climatiques pousseles agriculteurs à se couvrir davantage malgré la haussedes primes d’assurances.
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En ce début d’année, gelées et épisodes venteux ont occasionné d’importants dégâts sur les cultures espagnoles, surtout les agrumes et les légumes. Au total, fin février, ceux-ci atteignaient déjà 59 millions d’euros.
Dérèglement climatique
Face à ces aléas, de plus en plus répétitifs, les exploitants de la péninsule ont une perception du risque plus aiguisée que dans l’hexagone. « Ils n’ont pas le choix. Le climat méditerranéen, avec son caractère changeant et dangereux pour les cultures, les y oblige, et ce, alors que le dérèglement climatique accentue les risques », souligne Diego Juste, porte-parole de l’UPA (l’Union des petits agriculteurs). De surcroît, leur système d’assurances, qui, traditionnellement, fait la part belle à l’État, est charpenté de manière plus solide.
Les compagnies mènent en effet leurs activités au travers d’un « pool » appelé Agroseguro. Celui-ci travaille main dans la main avec ENESA, l’entité d’assurance agricole publique. « Contrairement à la France, le gouvernement n’indemnise pas directement les dommages liés aux dégâts, mais subventionne les assurances pour les rendre plus accessibles aux agriculteurs », explique Pablo Resco Sanchez, en charge de la gestion des risques agricoles du syndicat COAG.
Aux yeux des professionnels, ces aides sont toutefois insuffisantes. « Alors que les paysans s’assurent davantage, que les polices sont plus chères et que les risques s’intensifient, le budget de l’aide nationale à l’assurance a été réduit », décrypte Javier Alejandre, céréalier à Soria. « Le niveau des subventions a baissé de 10 points, et ne contribue plus qu’à hauteur d’environ 30 % du montant des assurances. Auparavant, cette aide représentait 40 % du prix si l’on tient compte de la hausse des coûts », explique-t-il. Cet agriculteur de Castille-et-León, qui exploite 150 hectares de céréales, pois et tournesols, ne cache pas s’être assuré au maximum. « Les céréaliers tendent à se protéger davantage car leurs cultures sont plus vulnérables à la sécheresse et à la grêle », explique-t-il.
Loin d’être homogène, le degré d’assurabilité varie fortement selon les cultures et les régions. « Il est difficile de parler de pénétration globale, détaille Pablo Resco Sanchez. Pour l’olivier ou les ovins, les taux d’assurance sont quasiment nuls alors que pour les céréales, on tourne autour de 40 %, de 70 % pour les arbres fruitiers, et de 100 % pour les bananes et le tabac. »
Par Marjorie Cessac, en Espagne
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